Dans le cadre de transport-CH/aftermarket-CH (10 - 13 novembre 2021 à Berne), se tiendra le Mobility-Forum annuel (jeudi, 11 novembre 2021). Il est consacré cette fois à la conduite autonome. L'occasion de faire le point sur les particularités suisses.

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2020 aurait dû être l'année des véhicules autonomes. Vers 2015, la plupart des constructeurs avaient convenu que d'ici là, soit en 2020, les premières voitures largement autonomes seraient sur le marché. Comme nous le savons, ces grands projets ne se sont pas réalisés.  

Néanmoins, des progrès considérables ont été réalisés depuis 2015. Mais l'évolution de ce domaine technologique s'annonce telle que les penseurs de l'Antiquité l'avaient imaginée : Plus vous en savez, plus vous savez que vous ne savez rien. Ou trop peu, pour que des superordinateurs équipés de capteurs et capables de conduire puissent rouler en toute sécurité sur les routes. Et la sécurité, avant même les éventuels avantages en termes d'efficacité, est le critère numéro un pour les véhicules à conduite autonome. Ils prennent tout leur sens lorsqu'ils provoquent nettement moins d'accidents que les voitures et les camions conduits par des humains.

Des mésaventures ici, des flottes de robots-taxis là...

Les rapports en provenance du monde de la conduite autonome ne pourraient pas être plus différents. D'une part, on parle par exemple d’une navette autonome roulant au pas lors des Jeux paralympiques de Tokyo qui a eu le malheur de heurter un athlète malvoyant. Le PDG Akio Toyoda s'est montré très déçu après l'incident (qui n'était pas grave), déclarant que la technologie n'était manifestement pas encore prête pour une utilisation pratique. En revanche, aux États-Unis, à Phoenix et à San Francisco, des robots-taxis circulent sans conducteur de sécurité. En Arizona, ils sont maintenant ouverts non seulement à des testeurs sélectionnés, mais aussi à tout le public qui a suffisamment confiance dans la technologie. Au moins 300 Chrysler Pacifica autonomes seraient en circulation dans la ville du désert (les informations exactes de la filiale de Google sont rares).

Camions : étape par étape

Les fournisseurs de véhicules utilitaires suivent également ce sujet de très près en menant leurs propres recherches et en s'appuyant sur de nombreux partenariats avec des géants de la technologie et des start-ups ingénieuses. Pouvoir offrir des gains d'efficacité aux transporteurs et aux logisticiens motive des efforts et des investissements importants. La conduite autonome pourrait redéfinir les règles du jeu dans l'industrie, devenir un « game changer » et ce au moins autant que l'électrification. Ce qu’on constate ici, c’est que dans un premier temps, les véhicules à conduite autonome seront testés sur des terrains clairement définis, par exemple dans des installations portuaires ou des décharges, vraisemblablement sous la surveillance de téléopérateurs, puis sur des autoroutes. Ce n'est que plus tard que les camions autonomes s'aventureront dans les centres urbains.

Sujet du Mobility-Forum

Les efforts sont mondiaux, mais la conduite autonome est également expérimentée au niveau local. En Suisse, de nombreuses entreprises, principalement du secteur des transports publics, se sont regroupées pour former l'Association suisse pour la mobilité autonome (SAAM). Oliver Nahon, directeur stratégique de la SAAM, interviendra la semaine prochaine au Mobility-Forum, qui se déroulera - le 11 novembre 2021 - dans le cadre du salon transport-CH/aftermarket-CH.

Bien sûr, l'événement sera l'occasion de faire le point, de parler des premières expériences dans les projets pilotes, du cadre juridique nécessaire et des perspectives. Où en est la Suisse en matière de conduite autonome ? Selon la SAAM, ce n'est « pas si mal », comme le souligne Martin Neubauer, directeur général de la SAAM, qui, dans son emploi principal, est responsable de la conduite autonome chez CarPostal Suisse SA. Il est certain que des investissements de plusieurs milliards ne sont pas possibles ici. Mais différents tests ont montré les limites de la technologie disponible, mais aussi un haut niveau d'acceptation parmi les clients.

Bien entendu, l'événement sera l'occasion de faire le point, d'évoquer les premières expériences dans le cadre de projets pilotes, le cadre juridique nécessaire et les perspectives. Où en est la Suisse en matière de conduite autonome ? Pas mal du tout, selon Martin Neubauer. Si divers essais ont montré les limites de la technologie disponible, ils ont également démontré un niveau élevé d'acceptation de la part des clients. Jusqu'à présent, ce sont les entreprises de transport public qui ont reçu des autorisations exceptionnelles pour des essais sur le terrain. Alors qu'ailleurs dans le monde, les transports publics tendent à se contenter d'une existence de niche et que la conduite autonome est l'affaire des transports privés, la Suisse cherche une approche raisonnable et complémentaire au réseau de transports publics existant, déjà bien développé, selon l'éloge fait dernièrement par le chercheur en mobilité Thomas Sauter-Servaes dans une émission de SRF. « La technologie de la conduite autonome ne peut avoir pour but de générer encore plus de trafic routier au final. C'est pourquoi je pense que les approches suisses sont bien meilleures ». Martin Neubauer, représentant de CarPostal, ne peut que souscrire à ces propos : « Nous considérons la conduite autonome comme un aspect partiel des services à la demande qui nous permettra de couvrir des destinations qui n'ont pas encore été intégrées ».

Que le meilleur gagne...

L'importateur et distributeur de voitures Amag est également impliqué dans la SAAM. La conduite autonome a sans aucun doute le potentiel de « changer la donne », de cela, Philipp Wetzel, directeur général de l'Amag innovation & venture Lab, en est conscient. En tant que représentant d'une entreprise privée, il est logique d’y apporter une approche différente.  « Nous pensons de manière libérale et nous comptons sur les meilleures solutions pour l'emporter », déclare Philipp Wetzel. En effet, une voiture partagée en autopartage, développée de manière autonome et à propulsion électrique, pourrait présenter un bilan environnemental aussi favorable que les véhicules de transport public et elle se situerait en fait entre les transports publics (TP) et les transports motorisés privés (MIV).

Cela étant, il n’y aura pas de taxis robots de sitôt sur les routes suisses. Une loi qui couvrirait le sujet en termes réglementaires pourrait entrer en vigueur en 2024 - le message du Conseil fédéral sera soumis au Parlement fin 2021, début 2022.

Jusqu'à présent, des petites navettes ont été utilisées en Suisse. Les exigences de l'Office fédéral des routes (OFROU) pour les essais comprenaient le fait d'être accompagné par un conducteur de sécurité et une limite de vitesse maximale de 20 km/h. Un système de détection de l'environnement avec des caméras, des capteurs lidar et radar ainsi que des logiciels de start-ups européennes - dans le cas de CarPostal, le fournisseur français Navaya - ont été utilisés. De par leur nature, ces derniers ne jouent pas dans la même catégorie que Waymo ou que les géants de l'automobile. « La reconnaissance des objets s'est avérée critique », rapporte Martin Neubauer, « reconnaître et classer correctement les choses est un grand défi ». Ainsi qu’il l’a constaté, le logiciel ressemble encore à un bambin qui doit encore trouver ses repères dans le trafic routier.  

Surprise aux printemps

Pour illustrer à quel point le progrès peut parfois être un escargot, voici un exemple de Zoug, où un minibus a également été testé. Ici, l'itinéraire a dû être méticuleusement cartographié numériquement à l'avance, avec des routes fermées, a déclaré Carolin Holland à un podcast de « Intellicar ». Elle fut chef de projet pour MyShuttleZug et aujourd'hui, en tant que responsable du centre de compétences « Conduite autonome », elle représente les CFF au sein de SAAM. Dommage que les enregistrements aient été faits en hiver et que le logiciel ait eu des problèmes lorsque la végétation a poussé sur le bord de la route. Cela a entraîné des arrêts inutiles, une gêne supplémentaire pour les clients comme pour les autres usagers de la route déjà irrités par la vitesse moyenne modeste de la navette autonome.

Malgré les difficultés initiales, le développement ne s'arrêtera pas. Et les partenaires impliqués dans la SAAM sont prêts à unir leurs forces, à éviter les doublons et à aborder les projets ensemble, explique le directeur général Neubauer. Il sera intéressant de voir ce que donnera la conduite autonome de type suisse. Une certaine confiance est justifiée, car les possibilités d'une plus grande mobilité, notamment pour les personnes ayant une capacité de conduite limitée, sont assez prometteuses.

Planzer-Colis : cinq véhicules électriques à conduite autonome

«Planzer Colis», quant à lui, est la première entreprise de transport en Europe à avoir réservé cinq véhicules électriques à conduite autonome auprès de la start-up Udelv, basée dans la Silicon Valley. Ces véhicules utilisent des technologies vertes intelligentes, ils se déplacent silencieusement et offrent de multiples aspects en matière de sécurité routière en augmentant la capacité des prestations de service de l’exploitant. «Planzer Colis» prévoit d’utiliser pour la première fois les véhicules autonomes dans le cadre d’un projet pilote en cours d’élaboration. Si tout se passe sans accroc, on devrait voir pour la première fois les véhicules dans la grande région de Zurich au cours des prochaines années.

 

Il reste encore des dernières places disponibles pour participer au Mobility-Forum à Berne le 11 novembre 2021. Inscriptions et informations ici.

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