Hyundai maintient certes ses plans ambitieux pour l'utilisation de camions à hydrogène en Suisse. Mais les prix élevés de l'électricité et les capacités de production locales limitées imposent une remise à zéro.

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Depuis 2020, il existe en Suisse un réseau qui veut décarboniser le trafic lourd national à l'aide de l'hydrogène. Il y a le fabricant de camions à piles à combustible H2 Hyundai, il y a une joint-venture (Hyundai Hydrogen Mobility AG, HHM) entre la marque coréenne et le pionnier suisse de l'hydrogène H2 Energy, ainsi que l'association de promotion H2 Mobilité Suisse, à laquelle participent des grands noms du commerce des carburants, des entreprises de transport suisses ainsi que des grands distributeurs.

L'objectif du projet pilote, traduit en chiffres il y a deux ans, est de démontrer rapidement la faisabilité et le bien-fondé de la mobilité H2, avec une cinquantaine de camions au départ. Une flotte qui devait passer à 1000 véhicules - des Hyundai XCIENT Fuell Cell - d'ici 2023 et à 1600 d'ici 2025. Mais les choses piétinent désormais.

Hyundai stoppent-t-ils les camions verts H2 ?

Un mot en appelle un autre, dit-on dans le langage populaire. Il en va parfois de même dans les médias, où un titre en appelle un autre, comme le montre l'exemple de ce projet H2.

« Pour les gros camions, le salut climatique vient pour l'instant de la prise électrique », tel est le titre d'un article de la NZZ. Les camions à batterie électrique commencent à s'imposer sur le marché, tandis que les camions à hydrogène deviennent marginaux, tirait le bilan du célèbre journal.

Quelques jours plus tard, inspiré par l'histoire de la NZZ, le titre suivant a paru : « Fin du projet phare suisse : Hyundai stoppe les camions verts H2 », a doublé le portail spécialisé allemand eurotransport.de. Les camions à hydrogène seraient désormais livrés en Allemagne (où 80 % des coûts supplémentaires par rapport à un camion diesel sont pris en charge par l'État) au lieu de la Suisse.

Le projet H2 de Hyundai en Suisse marque le pas

La joint-venture HHM a répliqué par une « mise au point» sur la plateforme LinkedIn : « Ni Hyundai ni les autres partenaires de l'écosystème de l'hydrogène en Suisse n'ont l'intention d'arrêter l'initiative existante ».

Le plus étonnant : selon les recherches de mmCH.online, aucune de ces déclarations n'est vraiment fausse, et elles ne se contredisent qu'à première vue. Ce qui se passe concrètement autour du projet H2 de Hyundai est plutôt une pause qu'une interruption.

Hyundai veut certes se permettre de « continuer comme avant », mais uniquement pour les clients existants. Ces 20 exploitants des 47 camions H2 livrés jusqu'à présent utilisent un système de paiement à l'utilisation non précisé avec des coûts définis à long terme (sans l'investissement initial important lors de l'achat d'un tel véhicule). Mais les prix erratiques de l'électricité sur le marché mettent cette approche sous pression : « Avec les prix extrêmement fluctuants de l'énergie, nous ne pouvons pas proposer des conditions fixes pendant huit ans », a expliqué Beat Hirschi, CEO de Hyundai et HHM, dans une interview.

De l'énergie hydraulique locale

Ce n'est qu'en octobre que tous les participants ont fêté le « jubilé » des 5 millions de kilomètres parcourus par les 47 trains routiers de 36 tonnes en service. L'hydrogène vert est produit par Hydrospider AG (joint-venture d'Alpiq, H2 Energy et du groupe Linde) à l'aide d'électricité provenant de la centrale au fil de l'eau de Niedergösgen d'Alpiq. La quantité produite par l’installation pilote suffit à alimenter la flotte existante.

Une deuxième installation suivra à la mi-novembre aux portes de Saint-Gall, avec de l'électricité produite par la centrale hydroélectrique de Kubel de la SAK (St.Gallisch-Appenzellische Kraftwerke AG). Rouler à l'hydrogène vert produit en Suisse est l'une des pierres angulaires du projet Hyundai, car les distances de transport du carburant restent ainsi courtes : l'installation de Kubel, qui a coûté environ 6 millions de francs, n'est située qu'à quelques kilomètres de la station-service d'hydrogène Avia à Saint-Gall - l'une des onze stations-service H2 accessibles au public aujourd'hui en Suisse.

Malgré la deuxième installation de production : les prochains Hyundai XCIENT Fuell Cell livrées en Europe ne prendront pas la route dans notre pays, ils seront livrés en Allemagne. Il n'est actuellement plus question de 1'000 camions à piles à combustible H2 d'ici fin 2023. Et les responsables ne savent pas non plus combien de temps durera cette pause.

Le projet suisse d'hydrogène et les gros titres qui lui sont consacrés se déroulent dans le contexte des grands bouleversements du paysage énergétique. Les moteurs électriques à batterie et les moteurs à pile à combustion semblent être en concurrence, que ce soit au niveau de la politique, de l'opinion publique ou de la recherche d'investisseurs. L'approche « soit l'un, soit l'autre » n'est pas la bonne, car les deux technologies ont leurs avantages (p. ex. efficacité élevée contre facilité de stockage) et leurs inconvénients. Les deux approches seront probablement nécessaires pour parvenir à un transport à faible émission de CO2 à l'avenir.

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